Approche de l'enseignement de la Gravure, par George Ball
George BALL
Approche de l'enseignement de la Gravure, par George Ball :
En réfléchissant sur des années de pratique de mon métier de graveur, de la période des études, de l'apprentissage à l'Atelier 17 avec Stanley William HAYTER à Paris, des diverses occasions où j'ai donné des conférences sur la gravure aux ouvriers spécialisés d'un grand chantier naval, aux étudiants de l'Ecole des Beaux-Arts de Tunis, aux parisiens non-professionnels, de toutes les origines sociales, dans le cadre des Ateliers A.D.A.C. de la Ville de Paris, et enfin, des cours que j'ai pu dispenser depuis longtemps à l'Atelier 17, je parviens à certaines idées précises de la possibilité de transmettre à autrui, l'expérience que j'ai acquise.
Comme pour toute pédagogie d'Art Plastique, il est difficile de formuler, au préalable, un système d'enseignement. Aucun système ne me semble vraiment valable, étant donné que chaque étudiant est toujours un cas particulier. Il ne suffirait pas d' offrir une seule manière technique pour apprendre à faire de la gravure. Voire un tel système figé serait une contrainte à l'expression libre et personnelle de chacun.
Il va sans dire qu'il existe une série de principes techniques de base pour le burin et l'eau-forte qui est indispensable, afin de pouvoir maîtriser les exigences toujours posées par la nature même de la gravure. Ma première tâche est donc de faciliter l'acquisition de ces connaissances.
Néanmoins, je crois de plus en plus que, si l'on veut que la gravure soit une expression artistique égale à la peinture et à la sculpture, il faut aller beaucoup plus loin, au-delà d'une maîtrise purement technique. En travaillant avec chaque étudiant, je m'efforce de lui faire découvrir des horizons qui lui étaient fermés auparavant.
T out compte fait, je crois profondément qu'une œuvre gravée est une exploration d'un monde inconnu, une façon d'exprimer le phénomène créé par un trait noir dans un espace blanc ou par une planche gravée conçue pour l'impression en couleur, et par conséquent, toute approche à la gravure et son enseignement se doit d'être comme un "voyage" de découverte.
D'aucune façon je n'impose ma propre manière de graver. Avec chaque élève de l'atelier je participe aux problèmes quotidiens en essayant de lui donner des éléments essentiels et de l'amener à se poser ses propres questions, sans lui donner une réponse préconçue qui n'est qu'une solution à mes problèmes d'artiste.
Le plus fructueux enseignement pour l'étudiant est l'expérimentation libre et l'esprit de l'atelier doit être celui d'un groupe d'artistes de tendances extrêmement variées, travaillant ensemble.
Je pense aussi qu'il est utile de parler de temps en temps des grands graveurs de toutes les époques, ceux qui sortirent des chemins battus de la technique considérée à tort, d'être la seule valable et de montrer des exemples de leurs œuvres sans faire des discours rigides sur l'Histoire de la gravure.
En fin de compte, le travail expérimental d'un groupe est plus important que les réalisations isolées, bien que achevées qui restent souvent encerclées par des "règles" qui n'existent que dans les théories.