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"Hommage à George Ball" Peintre - Graveur, homme d'exception

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"Hommage à George Ball"   Peintre - Graveur, homme d'exception
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11 janvier 2021

Galerie Heart George Ball

Galerie Heart George Ball
Depuis peu, une galerie en ligne permet de découvrir et acquérir des oeuvres de George Ball pour découvrir la galerie : Heart George Ball huiles sur toile, gravures au burin, dessins, encres, de l'artiste américain George Ball https://heartgeorgeball...
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23 juin 2019

Rencontre avec le peintre George Ball, ou les secrets de la création d'une œuvre d'art, du pinceau à la toile,

2 décembre 2017

Petite biographie de George Ball

 Petite biographie de George Ball
George Ball est un peintre graveur américain né en 1929 à San Francisco. Diplômé de l’Université de Stanford en 1952, il reçoit la Bourse d’étude Fulbright et rejoint l’Italie puis la France ou il s’établit à Paris, en 1958. Il y fait la rencontre de...
1 novembre 2021

Hommage à George Ball, par Dominique Labays

 

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Je me souviens des étoiles, en enfance, et du trouble de ce qu'à regarder un peu à côté d'elles, leur éclat en fut plus clair. La nuit dès lors pouvait durer : peut-être avant l'aube pourrais-je saisir et fixer la source d'une de leurs lueurs tremblées. On oublie ces espoirs et joies enfantins. On vit. On traîne ses guêtres. Et puis un jour, au hasard des pérégrinations d'un chien, on entre dans l'atelier de gravure sous le regard du graveur. 

Et cela revient. Il n'est pas si facile que cela le laisserait paraître de regarder des oeuvres de Georges Ball, qu'elles soient peintes ou gravées. Certes il y a l'évidence du thème, récurrent souvent, du travail, de sa précision, évidences qui font paraître bien vulgaire la notion de talent, il y a la discrète ampler de certaines oeuvres - je pense, trop vite, à la série de gravures de "la femme à l'oiseau", à la peinture "l'homme à l'oiseau", au "huitième jour"-, mais, à les fréquenter - et il faut les laisser faire leur place, creuser les murs du quotidien, vous accompagner - un autre espace vous semble peu à peu les structurer. 

Je me souviens enfant de cette question de la clarté des étoiles. Elles faisaient signe, et pour en saisir la lueur je devais regarder un peu ailleurs, ainsi des Pleïades qui souvent luisent de ne pas les fixer exactement où elles sont, ou encore de la Petite Ourse, par temps maussade. Elles semblent se mouvoir dans un autre espace, comme s'il existait un point de fuite, ou d'orgue, un peu en retrait de l'oeuvre, qui la mettait en perspective et l'illuminait, un point de l'esprit, d'une certaine manière une exergue supposée, à la fois libre et essentielle. 

 Ainsi peut-être du "Huitième jour", pour mémoire un paysage gravé dans l'écrin précis d'un carré - grec ?- presque parfait. Une côte est partagée entre ombre et lumière nuées plurielles, rideaux de pluies, reflets, flots, roches, falaises, géologie délavée, la limite zigzaguante d'une frontière abrupte, sauvage, se poursuit jusqu'au point, à l'horizon, où se confondraient terre, ciel et mer. Abstraction ou figuration ? Dans ce chaos lumineux, l'oeil - bien que rien ne l'y oblige - saura faire son chemin, définir l'espace que son désir seul fera sien, ainsi d'un lieu inconnu où l'on arrive, que l'on découvre, où l'on se situe et qui retient, un paysage côtier banal, après tout, pour qui a parfois le bonheur de partir 

 Lors, ce qui est rare chez Georges Ball pour qui peut-être est-ce trop induire, le titre implique une lecture de cette oeuvre dans le chant de notre culture et de son Livre. Il y est de fait écrit qu'après avoir pendant sept jours élaboré la Création, Dieu, au Huitième Jour, se fit repos. Le beau mot de "désormais" avait été prononcé. Il avait été dit désormais le givre en hiver à l'écorce des arbres, désormais le silence des feuilles sur les eaux, désormais les feulements la nuit et le vol du condor dans l'espace andin. La Création attend l'homme, l'empreinte du pied dans la glaise au bord du fleuve. 

Au-delà des discours et des croyances, il y a ce Livre de la culture occidentale, et dans celui-ci, ce point de la Genèse où la création est en suspens. Peut-être est-ce là l'origine vraie, plus que celle du Verbe énonçant la Lumière, où ce qui est donné l'est d'être en attente de l'homme. En cet instant d'une générosité simple et lumineuse, apnée d'un souffle qui se confondra par la suite à l'aventure humaine, toute la terre dit en silence que l'humanité doit advenir. 

 Je me souviens d'un séjour en Grêce. Un ami m'avait mené jusqu'à Delphes, Delphes aux ruines blanches dans les coquelicots rouges. Etaitce de me sentir pétrit d' admiration, de faux savoir, toujours est-il que, comme je me figeais face aux vestiges, cet ami me désigna le paysage alentour : terre mer, ciel, un port au loin, "au-delà plus nonchalantes les collines les déclives douces tandis qu'ailleurs encor la main se délasse indolente par les vallées et par les plaines et soudain revoici des rocs âpres et dénudés fruits de stimulations très intenses" Delphes, me dira l'ami, à Delphes on sait que la terre a été créée pour les hommes en vacances. 

 La gravure est là, ce désormais qui vient s'ajouter au monde. Elle à toujours été là, présente. Elle l'était, comme les étoiles, bien avant moi, elle le sera bien après, présent du graveur qui m'invita l'instant de cette page à répondre présent. Peut-être me suffirait-il d'étendre la main, de fermer les yeux, mains et yeux d'homme à Paris au bord du fleuve, pour m'imaginer en caresser les reliefs du bout des doigts, pour suivre les sillons encrés, les creux et les traits de cette feuille de papier labourée. Aveugle, pourrais-je encore ainsi toucher ce monde ? Le monde ? J'ai traversé e matin l'Ile Saint-Louis. Les ponts barraient la fluide lumière du fleuve entre les façades grèges. L'or roux des arbres longeait les rues. Ne l'oublions pas "le matin est un luxe", nous en sommes encore au huitième jour. 

Passés les ponts je songeai au graveur. Je passerais aujourd'hui à son atelier. Vint alors une exergue possible 

"'amples continents dont j'ai pu sentir que l'odeur de la terre était celle de l'esprit". 

Il s'agit d' un vers du poète grec Elytis, extraite du livre "Axion Esti", titre qui, en français, pourrait être traduit par "Loué soit"... 

 

Dominique Laba Paris, Novembre 2005

11 avril 2021

Jason,

En 1997, George Ball collabore avec Michel Déon, le Père Ambroise Negrel, Michel Wiedemann et Claude Francillon pour réaliser un ouvrage dédié à "Jason".

Indépendament des références littéraires ici présentées, Jason est avant tout le nom que George a donné à son chien, fidèle compagnon arrivé  en 1996.  Cette complicité se prolongera jusqu'en 2006, année de la disparition de son Labrador.

Voici réunis ici le contenu de cet ouvrage d'art qui comprend  six gravures et un frontispice de GEORGE BALL imprimés par l'atelier GEORGES LEBLANC à Paris,

composé en Didot de 12 & achevé d'imprimer en typographie par THIERRY BOUCHARD à Losne en octobre 1997,

il été tiré 64 exemplaires, tous sur vélin d'Arches, tous signés au colophon par le peintre, les dix premiers avec une gravure en couleurs & un feuillet supplémentaire, & numérotés comme suit de I à X, de 1 à 43, de a à k, ces deniers exemplaires, avec la gravure supplémentaire, étant réservés aux collaborateurs et à la Bibliothèque nationale.

 

Texte inédit de MICHEL DÉON, de L' Académie française

Extrait de Argonautiques, d' APOLLONIUS DE RHODES, texte grec et traduction

Références à Jason, dans l' Ancien et le Nouveau Testament, par Frère AMBROISE NEGREL, de l'ordre des frères mineurs Choix de textes Extraits de divers Dictionnaires de mythologie, par MICHEL WIEDEMANN, Maître de conférences à l' Université de Bordeaux  Lettre à Jason, par CLAUDE FRANCILLON

 

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Vous dites « Monsieur Jason» ? Alors vous êtes Français. Parce que les Anglais et les Américains disent « Tjésonn» et les Hébreux « Josué », il est facile de reconnaître vos nationalités. Nous, nous écrivons et prononçons « Ἰάσων / Iásôn». De toutes façon, peu importe, c'est le même. Il n'y en a qu'un et il habite ici. Bien qu'il ait eu de nombreuses aventures de par le monde et qu'il ait régné sur Corinthe, il est revenu vivre dans son village natal.

Il y a de beaux paysages dans les contrées lointaines où il s'est rendu, mais, a l'entendre, et je crois qu'il a raison, rien ne vaut la Thessalie et les forêts de chênes du Pilion. Voyez comme c'est paisible la mer est toujours bleue, le ciel clair la montagne protège notre port des vents du ponant ; nos maisons aux couleurs de l'Hellade sont blanches ave des portes et des fenêtres bleues ; les enfants sont polis et les vieillards respectés ; les femmes ont la hanche forte qui permet de porter les bébés à califourchon et de solides jambes pour aller à la fontaine où elles remplissent les jarres ave l'eau la plus pure de la Grèce. Que désirez-vous? Le voir ? De la terrasse du Kafénion où je buvais mon ouzo et où de belles pensées me traversaient, je vous al aperçu errant à la recherche de sa maison qui est là, à l'écart, en avancée du port, sur ce petit cap fleuri de lauriers roses et blancs. Rien n'y arrête une vue magnifique. Notre ami je dis notre ami parce qu'il l'est de tout le village et sera le vôtre si vous avez la chance qu'il soit d'humeur à vous recevoir notre ami, Monsieur Jason, ne ferme jamais sa porte quand il est là. Vous l'avez sans doute vu sans le reconnaître, assis sur un banc d'où il guette, face à la mer, le passage des caboteurs de l'archipel des Sporades du Nord. A ses pieds se tient son chien, un grand au poil blond, aux yeux sombres, à la truffe noire, qui remue la queue dès qu'on lui parle. Ne vous étonnez pas si vous entendez son maître l'appeler Jason comme lui-même. Is s'aiment tant qu'ils ont décidé de porter le même nom.

 Bien que cela ne paraisse pas, ils sont, l’un et l'autre, très vieux. Les enfants croient qu'ils ont cent ans. Plus tard, quand ces enfants deviennent des adolescents, ils estiment que les deux Jasons ont au moins cinq cents ans. Moi, je dirais mille. L'instituteur assure que c'est peut-être trois mille et plus. En vérité, on ignore leur âge véritable mais on sait que Monsieur Jason a été mêlé à des événements considérables dans les temps anciens. Il aime en parler devant des étrangers comme vous. Je ne vous garantis pas qu'il est prêt à vous accueillir à bras ouverts. Il peut se montrer expansif ou, au contraire, demeurer renfrogné et rester des jours et des jours sans prononcer un mot ni même répondre à l'appel de son nom. Ses yeux qu'il a bleus comme le lapis-lazuli, vous regardent alors sans vous voir ou, plutôt, voient à travers vous. Vous êtes transparent, vous n'existez pas. D'autres fois, il disparaît plusieurs jours, plusieurs mois, même des années. Mon père l'a vu s'absenter dix ans, et mon grand père, à l'âge de cinq ans, ne l'a vu réapparaître que quinze lustres plus tard, inchangé semble-t-il d'après les récits des anciens du village, son beau masque creusé de nobles rides, marchant toujours à grandes enjambées, appuyé sur une canne aussi haute qu'une crosse d'évêque, suivi de Jason le chien. Voilà longtemps qu'il n'est pas parti ainsi. 

Peut-être commence-il à se fatiguer ou bien se lasse-t-il de ne jamais retrouver ce qu'il quête depuis tant de siècles. Avec l'âge on est revenu de tout. Quand il n'est pas devant sa maison, vous le trouverez au chantier, se promenant parmi les carènes rougies au minium que nos charpentiers de marine dressent au bord de la mer. Sa main caresse les étraves, la poupe, les plats-bords. Il donne des conseils, évoque son ami Argos, le célèbre architecte naval. Le jour du lancement, il se mêle au peuple du chantier qui freine la glissade sur les rails suifés. Arc-bouté avec tous sur les amarres, il veille à ce que la quille épouse en douceur la mer. Quand le caique flotte fièrement parmi les cales en bois et les étais qu'il a entraînés, il n'y a pas plus heureux que Monsieur Jason. Ce qu'il tait c'est qu'il a eu un grand commandement. Une nef ! Ave cinquante rameurs. 

 

Tous des princes, raconte-t-on, comme si les princes n'avaient pas d'autres choses à faire que de ramer à la recherche d'un trésor ! En verve, Monsieur Jason prétend que son chien les guidait, debout sur la proue, humant les odeurs de la nuit et du jour, les odeurs de la Toison d'Or. Ah, Monsieur, je vous vois intéressé. La Toison d'Or ! Pensez un peu... L'homme qui la découvrait en Colchide et la rapportait chez lui devenait non seulement le plus riche homme de la terre, mais aussi le héros, le bienfaiteur des pauvres et le protecteur des abandonnés. Aujourd'hui, on ne croit plus guère à ces grandes actions légendaires. On dit que ce sont des balivernes, mais, dans nôtre village, les gens savent bien que ces actions ont secoué le monde dominé par les tyrans. Les Dieux de l'Olympe, tout occupés de festoyer et de forniquer, n'aidaient pas nos aïeux. Des hommes comme Monsieur Jason n'ont pas craint de se révolter et de punir les fourbes et les méchants. Il leur fallait beaucoup de courage et de ruse. Vous me croirez difficilement mais, en ces temps là, les centaures possédaient ces deux vertus et, si on était bien avec eux, SI on ne tentait pas de les attirer dans un piège pour les massacrer, il prenaient plaisir à transmettre leur sagesse et leur art du combat aux enfants des hommes. Monsieur Jason ne l'a pas oublié et vous entendrez trembler sa voix lorsqu'il évoquera devant vous le centaure Chiron qui l'éleva et lui enseigna la politique, la navigation et l'art de la guerre. Il est plus difficile de lui faire parler de son oncle Pélion qui usurpait le trône de Thessalie. Ce sont des affaires de famille, de sordides querelles d'héritage. Il les balaye d'un geste dédaigneux. Dans notre mythologie, à nous les Grecs, Médée - que Monsieur Jason épousa dans un élan de reconnaissance pour ses pouvoirs surnaturels qui lui permirent de s'emparer de la Toison d'Or -  Médée est une figure maléfique dont nous menaçons les enfants désobéissants. Bien qu'elle ait étranglé le fils et la fille qu'il eut d'elle, Monsieur Jason ne l'évoque pas moins sans une pointe de nostalgie. C'est qu'elle était belle et possédait, en dehors de ses dons de magicienne, ce parfum de la chair dont les hommes ne guérissent pas. L'expérience de la vie aidant on ne juge plus les êtres qui vous ont aimé ou haï, qui ont médité votre trépas. Ils avaient de puissants motifs, d'insoupçonnées raisons et l'appui de nos Dieux si jouisseurs et SI lâches. Sans Médée, reconnaît Monsieur Jason, les Argonautes sous son commandment n'auraient jamais pu enlever la Toison d'Or. Remarquez que ces princes n'en profitèrent pas. L'invasion et le pillage de la Colchide les ont même appauvris. À l'époque homérique, il était dangereux d'être puissant et fortuné. On vous enviait à mort. De l'équipage du navire Argos, Monsieur Jason et le chien Jason sont les seuls rescapés. Les autres ont tous péris, les uns empoisonnés par leurs femmes qui voulaient, une fois engraissées et couvertes de bijoux, les remplacer par des galants plus jeunes, les autres assassinés par des pillards venus d'Asie. L'or porte malheur. Il arrive encore à notre Monsieur Jason d'évoquer son ami Orphée qui, à bord de l'Argos, les enchantait de sa voix et charma les sirènes du Détroit en chantant sur sa lyre. Après un bref mariage, brisé, comme vous le savez sûrement, par la mort d'Eurydice, il a été l'objet de la vindicte des Ménades qui l'ont déchiré à belles dents. Ne cherchez pas à connaître le sort des rameurs de l'Argos. Si vous les mentionnez, les larmes viendront aux yeux de Monsieur Jason et le chien hurlera à la mort. Il y a beaucoup de fantômes dans leur passé. Plus qu'ils ne veulent bien l'avouer. Peut-être est-ce cela qui les rend inséparables depuis la nuit des temps. Le souvenir étreint le cœur des survivants sit qu'il leur parle d'amours perdues sot qu'il les remplisse de tardifs remords. Monsieur Jason paye cher ses exploits et ses faiblesses. Les Dieux dont je pense du mal ne connaissent pas de circonstances atténuantes comme la Justice des hommes. Ils ont sévi et, bien que notre ami ne se plaigne jamais, je sais combien il souffre. Les supplices de Prométhée et de Sisyphe ne sont rien à côté du sien. Ces deux martyrs étaient des demi-dieux ; Monsieur Jason est un être humain comme vous et moi, et voilà que les Puissance des Ténèbres l'ont condamné à l'immortalité. Non seulement lui, mais son chien aussi. Or, vous ne l'ignorez pas, les chiens ont d'ordinaire la vie courte. À peine avons nous le temps de les aimer qu'ils disparaissent, bienheureux délivrés de la misère du monde qui va s'aggravant. Jason ne comprend pas ce qui lui arrive. Depuis longtemps, il a perdu jusqu'à la mémoire de ses pères et mères. Il reste seul de son espèce, sans frères ni sœurs, en but à l'envie de ses congénères. Son maître est son sauveur qui le nourrit et le cajole. L'avenir n'apportera plus rien à ces deux compagnons d'infortune. Sous des déguisements divers, ils ont rencontré les Grands de nos derniers millénaires :  Macchabée, le Christ, les stylites du désert, Allah et son Prophète, les Croisés, les navigateurs, les astronautes. Il ne leur reste rien que le spectacle d'une planète à demi morte couverte de nuages asphyxiants et menacée à chaque instant d'exploser. En Thessalie, au moins, ils vivent comme dans l'Antiquité, loin de la tragédie du monde. Allez, Monsieur le Français, nous sommes bien bavards. Oh, ne protestez pas et regardez plutôt d'ici comment vivent nos deux immortels : Monsieur Jason taille ses oliviers et sa vigne, arrose ses légumes. Jason le suit pas à pas. Le temps que vous arriviez chez eux, ils auront fini leurs travaux domestiques et vous les trouverez assis côte à côte sur un banc, contemplant la mer Egée qui brille comme mille diamants dans le soleil de midi. Munissez-vous chez le marchand de vin d'une dame-jeanne de résiné, chez l'épicier de quelques amuse-gueules et de tabac à chiquer, à priser ou à fumer, parlez leur de la dernière récolte d'olives, des pêcheurs qui, à cette heure, reviennent avec leurs filets remplis de rougets, de rascasses, de loups, des enfants retour d'école en chantant dans les ruelles, mais ne prononcez surtout pas le nom de Médée si vous craignez de les voir fondre en larmes. C'était, je vous l'accorde, une sorcière, une mauvaise femme emportée par une passion dévorante mais ceux qui ont, ne fût-ce qu'une nuit, partagé sa couche n'oublient jamais la brûlure de son corps. Même Jason, témoin muet, au pied de leur lit, de ces nuits chaudes entre son maître et Médée, souffre encore de jalousie. Quand la crise atteint son paroxysme, ils s'enfuient et gagnent les monts du Parnasse. Un berger de là bas nous a rapporté que dans les défilés les plus étranglés, les parois de marbre des profondes gorges, retentissent des appels de Monsieur Jason et des aboiements de Jason le chien. Is supplient l'Olympe de leur rendre la mortalité. L'écho sans pitié ne renvoie même pas leurs propres voix. Allez, Monsieur le Français, allez leur parler. Comme tous les grands solitaires, ils ont soif d'amitiés nouvelles, de curs à qui se confier. Imaginez ça Qui souhaiterait d'être immortel ? 

MICHEL DÉON

 

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LETTRE À JASON. 

Jason, 

Tu es encore bien jeune pour comprendre le langage des hommes ton maître t'initiera peu à peu à tous ces sons de syllabes bizarres qui sont la manière de nous faire comprendre. 

Tu trouveras que c'est bien compliqué, alors que pour toi, c'est Si simple d'exprimer une envie ou un refus par une simple modulation, un regard, un rictus, ou un va et vient. 

Si j'étais avec toi maintenant, je suis sûre que tu me comprendrais: je te dirais que je t'aime en te caressant doucement et en te disant que tu es le plus beau, jusqu'à ce que ton attention soit détournée par la découverte d'un objet à renifler. 

Cher petit être, si plein de vie, prêt à faire des bêtises en toute innocence ! Si ton maître élève la voix, écoute-le et mets-toi vite contre lui pour te faire pardonner. 

Tu as beaucoup de chance, mon petit Jason : tu es né beau, racé, intelligent, vigoureux, et tu as été choisi par un maître merveilleux qui est prêt à tout te donner pour que tu sois heureux. En revanche, tu vas toi aussi te donner à lui, de tout ton cœur de bon petit chien, pour qu'il ait le petit compagnon, témoin aimant de ses silences, de sa soif de chaude tendresse, complice aussi de ses secrets. 

Comme tu as de la chance ! Ne regrette pas le paradis perdu de ta liberté campagnarde. Tu te donnes à l'homme qui a le cœur le plus grand du monde. Peu importe que ce soit un artiste, doué d'intelligence et de charme : il t'aime. 

J'approche mon visage tout près de ta petite truffe fraîche pour lire dans tes beaux yeux que tu vas le rendre heureux.

Claude Francillon

 

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10 janvier 2020

1957. George Cross Ball Wins Fulbright Study Grant

G. C. Ball Wins Fulbright Study Grant 

A Fulbright grant to study painting at the Institute D'Art et D' Archeologue in Paris has been awarded to George Cross Ball of Oakland. 

Ball, the son of Mr. and Mrs. Edwin Ball of 1007 Sunnyhills Road, is graduate of Piedmont High School and has received a master's degree at Stanford. 

The 27-year-old Oaklander has won numerous art awards, including the Phelan award and prize at the American Academy in Rome. He also has displayed his work throughout the Bay Area, 

His grant was announced by Sen. William F. Knowland. 

 

1957 Carnet 115 George Ball aquarelles 00006

 

G. C. Ball remporte une bourse d'étude Fulbright

 Une bourse Fulbright pour étudier la peinture à l'Institut d'Art et d'Archéologue de Paris a été décernée à George Cross Ball d'Oakland.

 Ball, le fils de M. et Mme Edwin Ball du 1007 Sunnyhills Road, est diplômé de Piedmont High School et a obtenu une maîtrise à Stanford.

 Oaklander, 27 ans, a remporté de nombreux prix d'art, dont le prix Phelan et le prix de l'American Academy de Rome.  Il a également exposé son travail dans toute la région de la baie,

 Sa subvention a été annoncée par le sénateur William F. Knowland

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18 novembre 2019

Carnet de dessins George Ball

Dessinateur infatiguable, George Ball crée l'emotion en retraduisant le réel, l'insondé, l'écho de l'apparence, que ce soit dans les corps de chairs, ou de pierre, de bois, d'air,

les éléments révelent à travers son art, leurs mystères.

A découvir, par petites touches.

Carnet d'été, 2000

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5 novembre 2019

George Ball Biographie

 

George Ball

George Ball (, San Francisco - , Paris) est un peintre, graveur, buriniste et illustrateur américain. Il s'établit définitivement à Paris en 1958 où il fait la rencontre de Stanley William Hayter qui l'initie à l'art de la gravure.

http://wikipedia.org

 

29 octobre 2019

George Ball, 30 octobre 2010

20 octobre 2019

1967, George Ball, l'histoire d'un miracle commence par le dessin d'une femme

1967,  George Ball, l'histoire d'un miracle commence par le dessin d'une femme.

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1967 Carnet 149 George Ball etudes 00004

1967 Carnet 123 George Ball etudes 00007

1966 Carnet 153 George Ball etudes 00012

 

30 octobre 1970,  Pastels et poème de George Ball

 

Floating just below

Reality, on the edge

of something curious,

lost – Another reality

Touching me, receding

like a green point

a light extinguished

but I see her still

in green, descending,

Smiling, floating

before me and I can

touche her again perhaps.

Seeing and speaking

La futilité, la signification

de tout de toute une simple

vie – Amour d'autrui

Le doux vent entre mes

jambes. Agenouillé

sur des grains durs d'une grève.

Je ne veux que cette touche,

la main qui me soulèvera.

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