George Ball, par Stanley William Hayter

Texte de S.W.Hayter daté de Paris 1976, inséré d’abord dans un catalogue d’une exposition personnelle de G. Ball, 

reproduit dans George BALL, Claude-Jean DARMON, Roger VIEILLARD, gravures,

catalogue de l’exposition au Musée Denon de Chalon sur Saône, février–avril 1993, p. 9.

Même pour le profane pour qui le savoir-faire n’a guère d’importance, une chose sera quand même évidente, 
c’est la qualité, l’intensité, la richesse, la profondeur du travail de George Ball. 

Le burin, ce canif intolérant, trahit vite si l’artiste est ou n’en est pas le Maître total. 

Chez George Ball, c’est l’artiste qui contrôle et manie le burin jusqu’à la création de ces admirables estampes
dont les espaces évoquent les vastes étendues de forêts et paysages de Californie et du Wyoming, terre de son enfance. 
L’ambiance quelque peu froide et lointaine subit une poussée magistrale des traits forts et sûrs dans leur direction et intention. 
Il est évident que ces sillons creusés dans le cuivre apparaissent sur la feuille imprimée comme des arêtes noires.
L’épreuve est le moulage de la planche gravée et même sans encre, blanc sur blanc, 
l’entrecroisement des traits crée un espace réel. Par réel, j’entends un espace sculptural (tactile) et non pas un espace illusoire de clair-obscur.
 Mais dans les gravures de George Ball nous voyons les blancs, entre les masses de noir qui paraissent comme les éléments comme les éléments concrets ou comme les espaces vides.
Or ces vides, ces fonds ne sont pas que l’espace indéterminé de la feuille blanche, mais subissent une modulation subtile 
comme un plastique transparent mais déformé. 
Il n’importe peut-être pas au spectateur que George Ball soit considéré comme un des plus grands graveurs de notre temps, 
on ne peut se contenter de voir ce qu’il montre. 

La liberté et l’écoulement fluide de ces traits combinés avec une agressivité d’exécution créent ces images qui nous amènent loin et qui restent longtemps, 
énigmes troublantes et plaisantes dans les couches du subconscient. S. W. Hayter