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"Hommage à George Ball" Peintre - Graveur, homme d'exception
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"Hommage à George Ball"   Peintre - Graveur, homme d'exception
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8 juin 2019

Hommage à George Ball par Abidine Dino

 

 

Abidine Dino et George Ball, 1974

L'art de George Ball par Abidine Dino
George ball est un peintre américain venu à Florence puis à Rome avec une bourse Fulbright, qui ne tarde pas à choisir Paris, plus précisément un atelier, rue de la Huchette, pour s'attaquer à des étoiles et des gravures qui dénotent un obsédant souci de la perfection artistique.
Tout en restant fidèle aux traditions audacieuses de son pays, il a trouvé dans ce quartier, au bord de ces quais ou Matisse, marqué et Picasso ont laissé leur Trace, une sérénité et une profondeur d'expression qui le situe parmi les rares partisans d'une transfiguration secrète des formes du réel.
George Ball est à la poursuite d'une réflexion novatrice de l'espace et de la couleur, qui évite les coups d'éclats tapageurs et les démarches publicitaires. Il s'agit pour lui de trouver les clés d'une expression nouvelles de l'époque au travers d'une recherche de structurale linéaire et colorée qui dédaigne les facilitées les acrobaties formelles au profit d'une quête de l'essentiel.
Que ce soit un paysage ou une silhouette féminine, George Ball aborde son thème avec ferveur, cherchant à coups de pinceaux ou de burins à cerner de plus en plus la présence intime de l'être ou de la nature, s'enfonçant sont dans les labyrinthes des formes pour aboutir à une signification durable.
Pour Vermeer une femme, une chambre, une fenêtre avaient suffit à résumer sa conception du monde.
George Ball limite volontairement son choix thématique au profit d'une recherche patiente de la vérité ; lui aussi s'attache au rapport de la lumière et de la conscience, au moment d'une rare intensité coloré, aux rapports affectifs liés au visible ; il y a une démarche poétique, certes, qui évite toute littérature, car il s'agit uniquement de poésie plastique.
Il est impossible de ne pas mettre sur le même plan les gravures et les peintures de Georges Ball. Entre les deux techniques qu'il utilise, s'établit, pour lui, comme pour les spectateurs, ce que l'on pourrait appeler un passionnant dialogue ; l'émouvante peinture de George ball ne serait pas ce qu'elle est sans son œuvre gravée et son œuvre gravée n'aurait pas cette présence magistralesans l'appui de sa peinture.
La perfection technique de George Ball ne compte pas auprès de sa volonté « réhumaniser la peinture », car il s'agit de cela, George Ball le dit, sa preuve en est la preuve.



1994, A l’occasion de la parution du livre les cahiers de Malte de Laurids Brigge, texte d’Abidine Dino :

Pas à Singapour, Berlin, Pékin, Barcelone, Prague, Moscou, Istanbul ou San Francisco. Être à Paris, ici, pas là-bas. Grand Dieu mais pourquoi faire ? Peindre ou écrire, telle est lafréquente réponse. S’agit-il d’une sorte d'attirance inexplicable ou de raison plus terre à terre ?

Quoiqu’il en soit ils viennent des quatre coins du monde, cespeintres, ces écrivains, pour des séjours prolongés au cours, parfois définitif. Tant d'Américains – la liste serait longue – ont quitté leur immensité pour se fixer à Paris. 

Certains d'entre eux n’ont fait qu’un stage au vin rouge et camembert, tels les poètes beatniks des années 60, rue Gît-le-cœur, mais d'autres sont venus pour rester.

Que cherchait donc George Ball aux abords de l'église Saint-Germain-des-Prés, des années durant et jusqu’à la fin de son existence ? Ou encore avant lui Gertrude Stein, MissToklas et basket leurcaniche, si souvent rencontré rue Christine, du temps où Picasso venu lui de Barcelone habitaitet peignaitrue des grands Augustins.

George ball, peintre américain ayant choisi Paris, est souvent aperçu par les gens du quartier déambulant quai Saint-Michel, rue de la Huchette, rue Saint-Séverin, rue de la Parcheminerie ou encore rue de la harpe où il loge.

C'est ici dans cette partie du 5ᵉqu’il peint, dessine, grave en maître. Quelle sorte de peinture ?

Une espèce de monologue intérieur rendu visible. (Il peint comme on prie). « Parlare visibilé », avait-on dit à Florenceau XVIe siècle.

Parler par peinture interposé n'est pas littérature ou bavardage, c'est être dans la peinture elle-même en tant que sujet directement concerné. D'autres ont choisi l’impersonnel sous forme d'une peinture objet. Deux attitudes fondamentalement opposés dont on peut suivre les exemples àdifférentes époques. Alors, le Parlare visibilé, de George Balltraite de quoi ?

De l'esquisse fragilité de l'instant.

Ainsi quelqu’un –une femme– regarde par la fenêtre, par de multiples fenêtres grandes ouvertes et se penche –frêles épaules, levée– sur un paysage provençal qui s'étend de colline en colline jusqu’au lointain.

Toujours cette même femme, (on la devine, bien que l'on nepuisse apercevoir son visage, car elle est constamment le dos tourné), reste ainsiimmobile encadréepar une fenêtre car elle sait -le peintre et le spectateur du tableau le ressentent formellement aussi– que cette vision des choses peutà chaque instant éclater telleune bulle de savon irisée.

Oui, il s'agit de l’exquisefragilité de l’être, au risque du temps et de l'espace ; litsdéfaits, couverture en désordre, chambre vide, départ.  George Ball peint tout cela, bonheur et désespoir confondu sur toilesde différents formats. Alors passant du fluide ausolide, (peut-être pour se rassurer), le peintre saisi une plaque de cuivre –surface dangereuse– et ce risque à l'attaquer au burin.

Il laboure le vire, il grave, il creuse profondément le métal, d'une trace parfaite impriméenoir et blanc.  Toute une ascèse dont il a le secret. Discipline tempéré parfois par un subtil coloris gravé, tout le monde. 

En d'autres temps le hasard voulantque George soit témoin des foules de mai 68, il en a peint l'essentiel. Les gazlacrymogènes et les pavés arrachés sous les fenêtres ont contraint le peintre àdessiner –comme personne– la multitude citadine. Quoi d’étonnant, seul le solitaire comprend vraiment la foule. C'est bien pourquoi George Ball a choisi d'accompagner en images « Les cahiers de Malte Laurids Brigge ».

Ce livre ou Rilke « écrit : « au carrefour les gens étaient coincés, imbriqués les uns dans les autres. Il n'y avait pas d'avance possible, rien qu'unmol et silencieux mouvement de va-et-vient parmi eux comme s’ilss'accouplaientdebout… » ...« En vérité c'était tout de même eux qui bougeaient, et moi qui restaissur place. »

Aujourd’hui George Ball reprend le thème des foules, des passants, des aérogares, des Squares, des marchés, des rassemblements urbains; C'est eux qui bouge, lui qui est resté sur place, crayon plume ou pinceau en main. Avec une rare audace, indifférent aux modesesthétiques, il peintavec ferveur. Ce grand peintre et graveuraméricain poursuit son chemin à Paris.  Rilke, encore lui, posaitla question comment en s’étonnant : « c'est donc ici que les gens viennent pour vivre ? ».

La réponse de George estoui. Il s’ennuie ailleurs.



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